Un week end à Annot, aka moment de masochisme en plein air

Jeudi 28 septembre, une bande de joyeux lurons prend le train pour Aix-en-Provence, direction finale Annot. Annot, c'est le paradis de la fissure et de l'escalade dite traditionnelle, comprendre sur coinceurs (ie la falaise n'est pas équipée, pour les néophytes).

L'escalade a déjà ce petit côté masochiste : on a parfois - ou souvent - peur de tomber, on a mal au bras à la reprise dès qu'on arrête de grimper quelques semaines... Mais l'escalade en fissure transcende ce côté masochiste pour l'amener à son apogée ! :-p

Récit d'un week end atypique.


Vendredi, premier jour : on rencontre Marie-Line & Lionel, les deux sympathiques BE qui vont nous accompagner tout le week end. Après les présentations et un peu de bavardages, ils annoncent la couleur : ils nous distribuent des kilos et des kilos de friends de toutes tailles à mettre dans nos sacs. Ce seront nos meilleurs amis (sans mauvais jeu de mot, hum...) pour le week rend. Il y en a des tout petits et des énormes, gros comme deux mains !
On prend la direction de la falaise, aujourd'hui c'est grimpe en artif ! Le principe est simple : on choisit une belle fissure, on pose un coinceur et on se pend dessus. Puis on en pose un deuxième un peu plus haut et on monte pour se vacher sur celui-là, sans oublier de cliper la corde dans celui du dessous évidemment. Et ainsi de proche en proche, on se hisse tel un vulgaire sac à patates en haut de la voie.
Radical pour prendre confiance dans !e matériel et les points qu'on pose !

Photo1

Photo2

Samedi, "souffrance" premier jour : quelques courses, un bon repas et une - plus ou moins - bonne nuit plus tard, rendez-vous le deuxième jour pour apprendre les coincements. Gnie ??
Ben oui, dans une fissure, pas forcément beaucoup de prises... à part la fissure elle-même... Alors on coince ce qu'on peut pour tenir et lutter contre la gravité. Pied, genou, bras, poing, main, doigts pour les plus audacieux, tout y passe !
Mais le rocher ça rape alors premier étape : l'atelier manuel du matin, on se fabrique des jolis gants en strap, pour protéger la peau douillette de nos mains. Et le masochisme commence, surtout pour les poilu(e ? ;-))s, qui morflent lorsqu'il faut enlever le strap...

L'astuce pour s'épargner un peu le soir : décoller le strap collé tout de suite et le remettre en place, ça fait moins mal le soir. Mouais, sauf que ça fait mal deux fois du coup ;-)

Photo3

Photo4
Nos gants terminés, direction trois blocs pour expérimenter différents tailles de fissure et donc différents types de coincement : une fissure plutôt fine pour y coincer la main à la verticale et les pieds, une plus grosse pour y coincer les poings, et une encore plus grosse pour coincer les genous et un poing plus une main côté à côté ! Qui a dit que ce n'était pas technique la grimpe en fissure ???
Photo5
La journée se terminera avec les quelques voies pour mettre en pratique les nouvelles techniques apprises le matin. Les premières égratignures et les premiers bleus apparaissent sur les corps, ah oui les coincements ça fait mal !
Dernier étape de la journée, enlever les gants de strap. On souffre encore un peu mais après c'est repos ! (jusqu'au lendemain...)

Dimanche, "c'est le métier qui rentre" premier jour : et voilà, le dernier jour est déjà là. Au programme : grimpe ! on retourne aux secteurs de la vire inter (pour intermédiaire) et de la chambre du roi (s'il vous plaît !) pour s'essayer sur des voies, plus ou moins dures, plus ou moins impressionnantes, plus ou moins fissure, plus ou moins douloureuses...

Une très belle ligne que beaucoup de monde aura essayé : "
Dedicata alla Val di Mello", une très belle ligne mais qui n'entraîne guère aux coincements puisqu'elle se grimpe surtout en dülfer...

Photo6

L'autre voie star de la journée, c'est "Hand training", une belle fissure à main (comme son nom l'indique), bien pure mais dure ! Heureusement, la ligne se situe dans un couloir d'un mètre entre deux parois et les calages de fesses, de dos ou de pied sur la paroi de derrière sont les bienvenus pour se reposer pendant les instants critiques. Inutile de préciser bien entendu que les puristes ne grimpent qu'avec la fissure.
Photo7

Alors on essaie la voie, c'est dur, ça fait mal aux pieds, aux mains. Faut dire, quasi vingt mètres tout en coincements... Puis on réessaie la voie en moulinette, pour se concentrer sur la technique de nos coincements et là, ouh magie ! ça fait moins mal, c'est plus efficace, on arrive même à trouver des repos grâce aux coincements !

Photo8

Et la fin de la journée arrive, reste à trier tout le matos, un gros bordel s'installe sur la parking de la petite gare d'Annot !

Photo9

Deux bonnes heures de voiture et trois de train plus tard, on est de retour à Paris. Et le sentiment est unanime : on a tous des bleus et des écorchures, mais c'était top ce week end !